La guerre de 14-18 à Fontaine
Privilégiée sur tant d’autres notre commune n’eut pas à souffrir des dévastations de la guerre ni de l’occupation. Malgré l’absence de T.S.F et de télévision, les nouvelles parvenaient au pays où l’on pensait aux nombreux absents, joie des victoires, tristesse des défaites et des deuils.
En 1915, ce fut la stabilisation du front. L’impatience était grande. Dans son sermon du 1er juillet, l’Abbé Jules Gaulme s’adressait ainsi aux fidèles de Fontaine : la guerre est trop longue, c’est long pour nos chefs militaires, c’est long pour nos soldats !….. C’est long pour ceux qui entendent passer sur leurs têtes avec des mugissements sinistres, des milliers d’obus !….. c’est long pour ceux qui peuvent être frappés, à chaque instant par une balle meurtrière.
Fontaine sut que Verdun résistait, on percevait en effet selon le vent, les tirs de canon des forts ; ceux- ci se turent progressivement. Une partie des bâtiments de l’ancienne tuilerie Renauld-Hacquard et les terrains avoisinants furent transformés en camp de prisonniers Allemands. Le linteau de la poste de l’un d’entre eux porte encore l’inscription : « Poste de Police ».
Enfin ce furent l’offensive de Champagne au printemps 1918, la progression Française dans l’Aisne en septembre, la pénétration des alliés en Belgique en octobre, la capitulation de l’Autriche, la défaite de l’Allemagne.
Le 11 novembre, vers 11 heures, les cloches de l’armistice pouvaient sonner à toute volée ; la journée était ensoleillée « disent encore les anciens qui vécurent ces instants.
Dès le son des cloches, Monsieur Gunther renvoya ses ouvriers de la papèterie en leur disant que la journée serait payée. Certains les entendirent chez eux, d’autres dans les champs. C’était fini, mais il ne fallait pas trop se réjouir. On attendait les prochaines lettres, car il pouvait encore y avoir des victimes. D’autres mourraient sans doute, des suites de la guerre.
Douloureux tributs pour les veuves, les orphelins, des parents ou des amis ; soixante dix neuf (79) noms et disparus figurent sur le monument aux morts qui a remplacé l’ancienne fontaine de la place principale.
Érigé par les soins du maire Monsieur Collot, ce monument porte à la base un soldat mourant contemplant, sur une colonne la France figurée par une femme qui tient dans sa main gauche, le génie de la victoire. Année par année, les noms des morts sont gravés sur les quatre faces de cette colonne.
Notre village avait donc payé chèrement la victoire de la France.
Abbé Jean-Baptiste Noël